Les hémorroïdes, quoi qu’on dise, restent un sujet tabou. On en a tous, et pourtant on n’en parle presque jamais.

Ce guide en 40 questions/réponses se propose de faire le tour de la question.
Au terme de ces 40 réponses claires au sujet des hémorroïdes, vous saurez vraiment tout sur cette maladie, depuis son origine, jusqu’aux dernières techniques pour la traiter de manière efficace et définitive.

40 Réponses à vos Questions sur les hémorroïdes

1- Existe-il des idées préconçues au sujet des hémorroïdes ? Cela implique-il des conséquences pour les gens qui en souffrent ?

Oui, les hémorroïdes sont souvent mal soignées à cause des nombreuses idées fausses que nous allons voir un peu plus tard.

2- Pourquoi j’ai des hémorroïdes ? Pourquoi moi ?

Tout le monde a des hémorroïdes, mais tout le monde n’en souffre pas forcément. Comme tout le monde a un estomac, mais n’a pas forcément d’ulcère d’estomac. Avoir des hémorroïdes est tout à fait normal donc, c’est en souffrir qui ne l’est pas.

3 – En fait, c’est quoi des hémorroïdes ? A quoi ça sert ?

Disons que c’est un tissu spongieux qui a pour rôle de s’assurer que l’anus soit fermé hermétiquement au besoin. c’est un peu ce que font nos lèvres à l’autre bout du système digestif.

4- Quand est-ce que des hémorroïdes peuvent poser problème ?

Lorsqu’elles deviennent trop grosses, qu’elles gonflent, qu’elles sortent ou lorsque les hémorroïdes saignent. Là, elles font mal.

5- Qu’est-ce qui cause ce changement d’état alors ?

Il existe des causes héréditaires et des causes acquises. On en reparlera en détail.
Pour les causes héréditaires, ou congénitales, il s’agit d’une prédisposition à être confronté à ce genre de problèmes, mais que cela se produira vraisemblablement en présence d’autres facteurs qui favorisent les hémorroïdes.

6- Que faut-il faire quand on est prédisposé à avoir des problèmes d’hémorroïdes ?

Ce qu’il faut se rappeler surtout, lorsqu’il y a eu plusieurs problèmes hémorroïdaires dans la famille, c’est qu’on doit être très prudent sur les facteurs qui déclenchent ou favorisent ce problème.

7- Quels sont donc ces facteurs favorisant? L’alimentation en fait partie ?

Oui, elle joue un rôle important mais pas prépondérant. Le facteur le plus décisif dépend de la manière de déféquer, c’est à dire, aller à la selle (ou encore, faire caca).

8- Car il existe une bonne manière de déféquer ?!

Absolument ! Souvent, des problèmes d’hémorroïdes auraient pu être évités si on allait correctement à la selle.

Malheureusement, tout le monde pense qu’il défèque normalement, alors que c’est loin d’être le cas.

Les idées fausses sur la meilleure façon d’aller aux toilettes sont souvent à l’origine de la plupart des problèmes hémorroïdaires.

La première est l’idée selon laquelle il faut y aller de façon systématique. Or, rien ne vous oblige à aller à la selle tous les jours ou à des heures fixes.

9- Comment faire alors pour aller à la selle?

Il n’y a qu’une seule règle à suivre pour bien aller à la selle : y aller, seulement et toujours, quand on en ressent le besoin. Même si le besoin ne vous vient pas tous les jours, c’est normal, tant que les selles sont faciles.

10- Pourquoi est-ce qu’on n’arriverait pas à observer une règle aussi simple ?

Souvent, nous violons cette règle, aussi simple soit-elle, quand on se force à se retenir au travail et quand on est en dehors de chez soi, ou au contraire, lorsqu’on se force d’aller déféquer car on pense avoir tardé à le faire.

11- Est-ce qu’il y a une façon pour bien déféquer ?

Oui ! Il ne faut jamais forcer quand on est aux toilettes. La selle normale doit sortir souple, d’un seul coup et rapide.

12- Oui, mais que fait-on lorsque les selles sont dures ?

Une autre idée fausse dans ce cas serait de prendre des herbages. Les herbages sont des laxatifs irritants. Prenez plutôt des laxatifs doux, des sirop, en gelée ou en poudre. L’avantage de ces derniers, c’est qu’on peut en prendre autant qu’on veut et aussi longtemps que le problème persiste.

· Les laxatifs irritants à éviter : bourdaine, pilules, aloès, séné…
· Les laxatifs doux à privilégier : fibres et mucilages, paraffine, lactulose, PEG…

13- A propos des selles, doit-on évacuer la totalité des selles, et comment savoir si c’est fait ?

Souvent, on a la fausse impression qu’il reste encore des selles à évacuer. En plus, même s’il en restait un peu, cela ne nous fera pas de mal.

Au contraire, en insistant, nous risquons de gonfler les hémorroïdes, ce qui justement augmente cette fausse sensation qu’il reste quelque chose dans le derrière, et nous pousse à pousser encore plus.

Bonjour le cercle vicieux!

14- Il n’est donc pas nécessaire d’évacuer complètement les selles ?

En fait, nous évacuons jusqu’à 90 % des selles en moins de 20 secondes, et presque 100 % en 1 minute.

De toute façon, le colon ne se videra jamais complètement, surtout au niveau de sa partie initiale.

15- Il ne faut pas passer plus d’une minute dans les toilettes ?

Absolument ! Une seule minute est suffisante pour déféquer normalement, dans une condition de santé normale.

16- Et pour les passionnés de lecture aux toilettes ?

Il faut choisir entre culture pendant quelques minutes et hémorroïdes douloureuses pendant longtemps.

17- Si on respecte ces consignes, on n’aura plus de problème d’hémorroïdes ?

Ce qui est sûr, c’est qu’en allant toujours à la selle, quand on en a envie (et seulement quand on en a envie), quand on ne se force pas lors de l’évacuation, et qu’on ne reste pas plus d’une minute dans les toilettes, nous mettons toutes les chances de notre côté pour ne jamais avoir de problème hémorroïdaire.

18- Et si on fait le contraire ?

Les hémorroïdes pourraient commencer par grossir et gonfler, jusqu’à sortir de l’anus ; elles peuvent saigner et faire très mal.

19- Pourquoi et comment les hémorroïdes grossissent-elles ?

Cela se passe comme pour un muscle: en le faisant travailler, il prend du volume et grossit.

c’est pareil pour les hémorroïdes. Cet état est appelé le prolapsus.

Selon la gravité des cas, cela se passe en quatre étapes:

1. Les trois paquets hémorroïdaires gonfleront en réaction aux efforts et aux pressions
2. Les hémorroïdes sortiront lors des efforts puis rentreront spontanément ensuite
3. La personne atteinte devra les faire rentrer en les poussant avec ses doigts
4. Des paquets hémorroïdaires ne pourront pas rentrer à l’intérieur de l’anus.

20- Ne pourrait-on pas juste laisser ces hémorroïdes récalcitrantes à l’extérieur ?

Ceci est vivement déconseillé. Il vaut mieux essayer de les faire rentrer l’intérieur de l’anus, elles y sont mieux, et c’est aussi moins de douleurs et de problèmes pour la personne atteinte.

21- Existe-t-il d’autres types de gonflements ?

Oui, des caillots peuvent se former et entraîner des gonflements très douloureux.

Dans ce cas, ce sont souvent les facteurs alimentaires qui en sont la cause.

Les épices, le piment notamment, et les alcools sont des facteurs favorisants, et les associer tous les deux est la meilleure façon de s’exposer à une thrombose hémorroïdaire.

22- Comment évolue une thrombose hémorroïdaire ?

Elle finira par se dégonfler plus ou moins vite et toute seule, selon la grosseur de la thrombose.

Elle laissera derrière elle une petite peau appelée « marisque ».

S’il s’agit par contre d’une grosse thrombose, souvent très douloureuse, une petite opération chirurgicale est nécessaire pour se débarrasser du caillot et de la peau résultante.

23- Et qu’en est-il des saignements ?

Se sont les saignements qui ont donné leur nom aux hémorroïdes (sang qui coule).

Le sang est en fait causé par les frottements et la pression exercée sur les hémorroïdes.

24- Donc, si on a du sang qui coule après des selles, c’est sûrement des hémorroïdes ?

Dans la plupart des cas oui. Mais, il faut impérativement faire une endoscopie pour s’en assurer.

25- Pourquoi, ? Qu’est-ce que cela pourrait être, à part des hémorroïdes ?

Il peut s’agir d’une petite blessure, microfissure, ou une autre maladie, en particulier, un cancer du rectum. N’allez pas paniquer pour autant!

26- Durant ces différents stades de la maladie, les douleurs sont toujours là ?

Les douleurs peuvent se faire sentir à tous les stades de la maladie.

Cela est surtout valable lors des thromboses ou lors de prolapsus, mais elles ne sont pas systématiques.

On peut avoir des hémorroïdes pendant très longtemps sans ressentir aucune douleur.

27- Que peut-on faire lorsque on souffre de gonflements, saignements, et qu’on a des douleurs ?

On doit réapprendre à déféquer. C’est la chose qu’il ne faut pas oublier. En Attendant. des solutions contre les hémorroïdes existent.

28- Il existe quand même des traitements ?

Selon le degré de gravité des hémorroïdes, il existe des traitements médicaux, instrumentaux et chirurgicaux.

29- En quoi consistent les traitements médicaux ?

Il y a d’abord les laxatifs doux qui facilitent la défécation qui, rappelons-le, ne doivent pas être des herbages ou des pilules…

Il y a ensuite les crèmes anti-hémorroïdaires qui protègent la muqueuse, et il y a aussi les suppositoires.

En ce qui concerne les crèmes, préférez celles qui sont utilisées sans canules car celles-ci sont loin d’être hygiéniques et peuvent également blesser les hémorroïdes.

30- Existe-il des traitements par voie orale ?

Oui, d’une part, il y a les veinotoniques, tels que Formule H à base de plantes, qui améliorent la circulation du sang et diminuent le gonflement et ont des effets longue durée.

D’autre part, il y a des antalgiques (anti-douleur), des anti-oedème et des anti-inflammatoires que l’on utilise lors de poussées de la maladie.

31- Que veut-on dire par « poussées » ?

Les poussées sont des périodes durant lesquels le malade souffre et qui sont suivies par des périodes d’accalmie pendant lesquelles il est tranquille.

32- Qu’en est-il des traitements instrumentaux ?

Ce sont les traitements pratiqués par un proctologue. Il s’agit essentiellement des ligatures, des infrarouges et de la cryo-congélation.

33- Qu’est-ce qu’une ligature ?

Il s’agit de d’une pratique très répandue pour traiter des hémorroïdes.

Elle consiste à étrangler un bout d’hémorroïde qui va ensuite se dessécher et tomber avec les selles.

C’est une opération qu’on peut répéter pour diminuer le volume d’un prolapsus.

34- Est-ce que le traitement chirurgical est un traitement de dernier recours ?

Absolument. C’est un traitement préconisé dans le cas de prolapsus trop importants, de stade 3 et 4.

C’est-à-dire, dans les cas où l’on est obligé de repousser les prolapsus dans l’anus après la selle ou ceux que l’on n’arrive même plus à remettre à l’intérieur.

Il existe deux techniques pour pratiquer ces opérations : la technique classique de Milligan Morgan et une autre, plus récente, celle de Longo.

Cependant, la technique de Longo ne convient pas pour les cas avec des marisques extérieures.

Elle est aussi peu maîtrisée par les spécialistes.

Elle a quand même un avantage certain sur celle de Milligan Morgan: elle est beaucoup moins douloureuse.

35- Cela veut dire que l’opération classique est vraiment douloureuse ?

Oui, en ayant recours à l’opération classique, appelée aussi technique de Milligan Morgan, les douleurs postopératoires sont considérables, et des antalgiques de la famille de la morphine sont nécessaires pour les atténuer.

36- En quoi consiste la technique de Milligan Morgan ?

Il s’agit de disséquer, ligaturer et couper les trois paquets hémorroïdaires principaux.

37- Les plaies ne sont pas refermées ?

Non, les fermer favorisera la multiplication des microbes.

Elles sont laissées ouvertes et écartées pour permettre à l’oxygène de l’air de tuer ces microbes.

C’est pour cela que les douleurs lors des selles sont extrêmes.

38- Quels soins reçoit-on après l’opération ?

Des soins locaux sont prodigués pour maintenir la plaie propre, et des antalgiques et parfois même des anti-inflammatoires sont prescrits, tout en veillant à ce que le malade aille bien à selle.

39- Si aller à la selle est si douloureux, ne pourra-t-on pas simplement l’éviter ?

Au contraire, ne pas y aller ferait que la plaie cicatrise et se resserre, ce qui donnera un anus trop fermé.

D’ailleurs, des suppositoires à mettre tous les jours sont prescrits pour éviter cela, et on devra aller voir son chirurgien au bout de 3 semaines pour s’assurer que tout va bien.

40- Que doit-on retenir comme conseils pour ne pas souffrir des hémorroïdes ?

S’il ne fallait retenir qu’une ou deux choses, ça serait:

-Se faire examiner par un proctologue en cas d’émission de sang par l’anus et apprendre à déféquer correctement pour éviter la majorité des problèmes hémorroïdaires.